- Diversité des langues: Description des langues en danger
- Diversité des phénomènes linguistiques: Typologie des langues
- Diversification des langues: Reconstruction de l’évolution des langues dans l’espace et dans le temps
- Approches interdisciplinaires du passé humain
Responsable: Guillaume Jacques
Membres statutaires: Anton Antonov, Hilary Chappell, Katia Chirkova, François Dell, Guillaume Jacques, Christine Lamarre, Thomas Pellard, Odile Roth, Laurent Sagart, Xu Dan
Membres associés: Jesse Gates, Lai Yunfan, Zhang Shuya
Le nouvel axe 1 regroupant les anciens axes 1 et 3 poursuivra ses recherches sur la diversité et les processus de diversification, désormais sans distinction d’aire ou de famille linguistique au sein de l’Asie orientale. La forte cohésion de ses membres, qui se traduit par de nombreuses publications communes sera renforcée par la mise en place d’un séminaire d’équipe à la rentrée 2023. L’axe 1 bénéficie également de nombreuses collaborations internationales, souvent interdisciplinaires, avec des équipes de chercheurs du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, de l’Université de Passau, de l’Université d’Auckland, de l’Université de Fudan, de l’Université de Xiamen, ou encore du National Institute for Japanese Languages and Linguistics. Ces collaborations ont mené ou vont mener à des publications communes sur les différentes thématiques de l’axe.
La description des langues minorées en danger par la collecte de données de première main sur le terrain se poursuivra. La disparition progressive des langues à tradition orale met en danger le patrimoine mondial de diversité linguistique et culturelle et constitue un défi fondamental et urgent pour notre époque, souligné entre autres par la Décennie internationale des langues autochtones (2022–2032) de l’UNESCO. Les travaux de description de l’axe concerneront de nombreuses langues en danger (rgyalronguique: G. Jacques, ersuique: K. Chirkova, kiranti: G. Jacques, ryukyu: T. Pellard, sinitique: C. Lamarre, H. Chappell, D. Xu, jingpho: O. Roth), avec un archivage en accès libre (sur Pangloss notamment) des corpus dans un esprit de science ouverte et de préservation. Des collaborations sont également envisagées avec les communautés de locuteurs désireuses de bénéficier de l’expertise de linguistes pour la création de ressources (dictionnaires, etc.). Ces données nourrissent naturellement les autres réflexions et travaux de l’axe sur la linguistique historique et la typologie par l’apport de données inédites.
Outre la diversité des langues, l’axe 1 consacre également ses travaux à la typologie de la diversité des phénomènes linguistiques. Il poursuivra ses travaux en y ajoutant de nouvelles thématiques aux précédentes, en particulier les catégories linguistiques rares (temps périodique, simulatif, etc.), le mouvement associé (G. Jacques, C. Lamarre, A. Antonov), les dérivations applicatives (H. Chappell, G. Jacques, O. Roth), les systèmes de temps-aspect-mode (K. Chirkova, G. Jacques, C. Lamarre, H. Chappell, O. Roth, A. Antonov), l’évolution des systèmes casuels (T. Pellard), et les changements phonétiques dans une perspective panchronique (G. Jacques, T. Pellard). Les résultats acquis permettront de faire progresser la description des langues en mettant en lumière de nouvelles questions et des phénomènes peu décrits dont l’existence ou non dans différentes langues attend d’être vérifiée.
Les travaux de linguistique historique et comparative traditionnelle menés jusqu’à présent sur de nombreuses familles de langues au sein de l’axe seront poursuivis (sino-tibétain, austro-asiatique, hmong-mien, kra-dai, austronésien, japonais). Ces recherches ont bénéficié depuis quelques années de nouvelles ouvertures et avancées, notamment l’apport des méthodes quantitatives et de la
modélisation statistique pour l’étude de l’évolution et de la diversification des langues. L’axe 1 du CRLAO prévoit de consacrer une partie importante de ses recherches à utiliser les méthodes phylogénétiques bayésiennes afin d’élucider des questions fondamentales concernant l’évolution des langues (limites chronologiques de la reconstruction, comparaison de la vitesse d’évolution de différents traits, etc.) et à développer en collaboration avec des statisticiens de meilleurs modèles (G. Jacques, T. Pellard). Ces méthodes seront aussi mises à profit pour tester des hypothèses de relations lointaines entre familles de langues (kra-dai et austronésien: G. Jacques, T. Pellard, A. Antonov, L. Sagart) et pour élucider la chronologie de la diversification de familles comme le japonique (T. Pellard, A. Antonov, G. Jacques). T. Pellard soumettra à nouveau en 2024 un projet ANR qui n’a malheureusement pas été retenu en 2023. Ce type d’approche est en plein développement à l’international et l’axe 1 compte se positionner comme un pôle majeur, le seul en France à ce jour, de cette discipline émergente de la phylolinguistique.
Un autre axe majeur concerne l’ouverture à l’interdisciplinarité, y compris avec des domaines en dehors des SHS, pour une étude globale du passé humain. L’axe 3 prévoit ainsi de poursuivre les collaborations entamées avec des archéologues, généticiens et statisticiens visant à des synthèses inédites entre linguistique historique, archéologie et génétique des populations humaines et des
espèces animales et végétales concernant les populations d’Asie de l’Est et leurs cultures depuis le néolithique jusqu’à l’époque historique (G. Jacques, T. Pellard, L. Sagart, D. Xu). Là aussi, l’axe 1 entend se positionner à l’avenir comme un pôle internationalement reconnu pour les recherches en archéolinguistique.
D’autres projets plus ponctuels d’humanités numériques et de science participative sont également prévus, comme la création d’une plateforme en ligne d’annotation phonologique crowdsourcée des textes chinois archaïque au moyen du Jingdian shiwen afin de développer une nouvelle approche de la morphosyntaxe de cette langue qui tienne compte des prononciation alternatives des caractères.