Émergence, évolution et diffusion
- Écriture chinoise: Synchronie et diachronie
- Histoire des savoirs linguistiques
- Syntaxe historique du chinois (archaïque, médiéval, moderne)
- Équipe transversale: Écritures siniformes en Asie orientale
Responsable: Françoise Bottéro
Membres statutaires: Françoise Bottéro, Redouane Djamouri, Chrystelle Maréchal, Alain Peyraube, Qi Chong, Thekla Wiebush
Membres associés: Xiao Lin, Christoph Harbsmeier
Cet axe réunit les membres du CRLAO qui travaillent sur des phénomènes linguistiques à partir de sources historiques écrites essentiellement chinoises. Certains s’intéressent à l’écriture proprement dite, d’autres au développement de la syntaxe et de la sémantique historiques du chinois, d’autres encore à l’histoire et à l’évolution des savoirs linguistiques en Chine. Le séminaire commun de l’EHESS, assuré par R. Djamouri, F. Bottéro, A. Peyraube (Fondements de la langue et de l’écriture chinoises: Perspectives synchronique et diachronique) et le séminaire sur l’écriture de C. Maréchal (Introduction à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shang), tous deux rattachés à cet axe, seront maintenus dans le prochain contrat.
1) Écriture chinoise : synchronie et diachronie
C. Maréchal, F. Bottéro et T. Wiebusch poursuivront leur travaux sur les problèmes d’épigraphie, de paléographie, de lexicographie, ainsi que l’analyse linguistique dans le dictionnaire Shuowen jiezi.
La collaboration entre F. Bottéro et C. Harbsmeier se poursuivra pour la base de données (TLS – Thesaurus Linguae Sericae et l’analyse et la traduction du 1er dictionnaire chinois Shuowen jiezi (100).
T. Wiebusch étudiera la formation et la structure des catégories sémantiques dans les modalités auditive et visuelle (langue(s) et écriture(s) chinoises, langues des signes), ainsi que les interactions entre les éléments sémantiques et phonétiques et le rôle de l’iconicité dans ces deux types de modalités. C. Maréchal et F. Bottéro consacreront une partie de leur travail à l’étude des variantes graphiques dans le cadre du projet Variantes graphiques chinoises porté par O. Venture (CRCAO) et C. Moretti (EFEO) qui donnera lieu à un colloque international. A partir de la constitution d’un corpus basé sur la compilation des 18 volumes d’estampages de bronze archaïques (Yin Zhou jinwen jicheng), C. Maréchal étudiera l’usage de certains anthroponymes que l’on trouve sur les bronzes du 13e s. av. J.-C. et qui sont attestés dans les inscriptions sur os de la même époque en cherchant à
clarifier la différence entre art et écriture dans ce type d’inscriptions. F. Bottéro mènera des recherches sur la typologie des variantes graphiques chinoises à travers les siècles.
2) Histoire des savoirs linguistiques
Sur la base de ses travaux antérieurs, F. Bottéro poursuivra son analyse des termes et des conceptions ou théories proprement chinoises afin de rédiger un livre sur l’histoire de la linguistique autochtone en Chine prémoderne vue à travers le prisme de l’écriture. En rendant accessible une tradition linguistique largement méconnue, ce livre permettra des comparaisons avec d’autres traditions linguistiques anciennes. Dans le prolongement de leurs travaux déjà réalisés lors du présent contrat, une attention particulière sera accordée par A. Peyraube et Xiao Lin à l’étude détaillée des dictionnaires et dialogues chinois-latins, compilés par les missionnaires et sinologues occidentaux aux 18ème et 19ème siècles, étude qui a été passablement négligée jusqu’à présent. Les dictionnaires sont en effet à même de livrer des informations décisives sur l’histoire des savoirs linguistiques en Chine,
autant, sinon davantage, que les grammaires de l’époque qui ont été l’objet de nombreuses analyses.
Ces deux approches se verront converger dans l’analyse commune d’un ouvrage de la fin du 19e s. (Ma shi wen tong) à cheval entre tradition linguistique autochtone et linguistique moderne en Chine.
C. Maréchal et F. Bottéro s’intéresseront au phénomène inconnu dans les autres systèmes d’écriture de l’étymologie graphique et de son développement entre les 1er et 11e siècles chez des auteurs tels que Xu Shen (Shuowen jiezi, 100) et Wang Anshi (1021–1086, Zishuo).
3) Syntaxe et sémantique historique du chinois (archaïque, médiéval, moderne)
R. Djamouri et A. Peyraube poursuivront en collaboration leur étude sur l’évolution des structures syntactico-sémantiques en chinois archaïque, médiéval et moderne. Les contributions de R. Djamouri porteront sur la période pré-archaïque (13e–8e s. av. J.C.), et donneront lieu à une publication qui paraîtra en Chine ; celles d’A. Peyraube plus spécifiquement sur le haut-médiéval et le bas-médiéval, en reprenant l’étude des constructions nouvelles apparues dans différents textes de ces époques, surtout dans les Entretiens des maîtres bouddhiques Zen de la dynastie des Tang (bas-médiéval), à savoir : Soutra de la plateforme du 6ème Patriarche (Hui Neng, 638-713) ; Entretiens du Maître Shen Hui (668-760) ; Entretiens de Lin Ji ?–867) ; Entretiens de Dong Shan (807–869) ; Recueil de la Salle des Patriarches (952).
R. Djamouri étudiera en outre les causes de l’apparition de la dérivation par affixation (fin des Zhou Occidentaux, 8e s. av. J.-C.) et de sa diffusion en chinois archaïque. T. Wiebusch poursuivra ses travaux sur l’interface entre syntaxe et sémantique diachronique à partir des champs sémantiques tels que couleurs, parties du corps, etc.
Un autre volet, concernant les changements induits par contacts dans les dialectes du nord-ouest de la Chine et dans ceux de la grande baie du sud-est (Hong Kong, Macao, Canton, etc.), sera traité par les porteurs de deux projets ANR: R. Djamouri (Language contact in Northern China), et Qi Chong (Language contact and areal diffusion of Sinitic languages in the Greater Bay Area, 2023–2026). Si le premier projet tient compte de l’histoire plus ancienne des contacts de langues en Chine, le second traite de l’histoire plus récente des contacts entre les langues et dialectes du sud.
4) Thématique transversale : écritures siniformes en Asie orientale
Une nouvelle thématique sur l’écriture siniforme nous paraît indispensable pour mieux rendre compte de la diffusion de l’écriture chinoise, de son rôle dans le développement d’autres systèmes graphiques en Asie orientale, mais aussi pour prendre conscience que beaucoup d’analyses linguistiques s’appuient essentiellement sur ces écritures. Cette nouvelle thématique permettra de stimuler les échanges entre les axes en bénéficiant de la riche expertise des autres membres spécialistes du japonais, vietnamien, coréen, tangoute, etc. En intégrant la thématique novatrice des systèmes d’écriture en contact (cf. p. 11), elle visera également à poursuivre et à intensifier les collaborations internationales comme, par exemple, avec nos collègues allemands et vietnamiens de l’Université de Bochum, de l’Institut d’études sino-nôm de l’Académie des Sciences du Vietnam et de l’Université Thang Long (Hanoï, Vietnam). Dans ce cadre, T. Wiebusch se consacrera à l’étude des propriétés typologiques de systèmes d’écritures basés sur les sinogrammes, sur leurs phénomènes de contact, ainsi que sur les fonctions des classificateurs graphémiques ou marqueurs catégoriels dans un cadre cognitif et grapho-linguistique ; F. Bottéro poursuivra l’étude des contacts avec d’autres systèmes
d’écriture et plus particulièrement les écritures indiennes.